Espaces verts, écologie et biodiversité en copropriété

L’aménagement d’espaces verts partagés est une plus-value au sein des copropriétés, autant pour son côté esthétique que pour le maintien d’une biodiversité en ville. Le Code de l’Urbanisme et le PLU apportent un cadre réglementaire. Mais c’est au cahier des charges de la copropriété d’établir le périmètre restrictif de cet aménagement.

Comme pour les autres prestations réalisées en copropriété, c’est au syndic que revient la gestion de l’entretien des espaces verts en parties communes.

Comment réduire le coût de l’entretien des espaces verts en copropriété tout en étant respectueux de l’écologie ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre dans cet article.

1) L’aménagement raisonné des espaces verts partagés

A) Entretien modéré des espaces communs

En laissant quelques mètres carrés sauvages dans vos espaces verts communs, vous pouvez recréer une biodiversité naturelle. En favorisant les plaines fleuries, en développant le paillage (avec des feuilles mortes, de la tonte de gazon, ou de la paille) et en effectuant une tonte du gazon à partir de 7,5 cm (et non pas selon un rythme défini), vous pouvez effectuer un désherbage raisonné. Alors, la cadence d’entretien diminue et l’entretien de vos espaces verts devient modéré voir faible. 

Vous pouvez également revaloriser les branches des arbustes et des arbres que vous avez coupées en paillage ou dans votre compost. Pour cela, vous pouvez utiliser une tondeuse à gazon pour des branches allant de 1 à 2 cm, ou un broyeur – que vous pouvez louer à votre commune – pour les branches allant de 2 à 5 cm.

Une société externe spécialiste des espaces verts facture entre 25 à 40 €/m3 de déchets verts pour leur évacuation. Pour des branches ayant un diamètre allant jusqu’à 55 cm, il est possible de louer ou d’acheter un broyeur à végétaux entre 80 € TTC/jour à 300 € TTC/jour auprès de sociétés spécialisées. En fonction des besoins de votre copropriété, vous pourrez choisir la solution adaptée.

B) Sélection de flore locale

La sélection de plantes locales non invasives et l’entretien des plantes de la copropriété avec des produits neutres et non polluants vous permettent de diminuer le coût d’entretien de vos espaces verts. En sélectionnant des plantes envahissantes, la fréquence d’entretien de vos espaces verts s’accentue et s’étale sur une surface de plus en plus grande. Vos frais d’entretien de vos espaces verts augmentent alors exponentiellement.

Par ailleurs, l’usage de produits comme l’eau de Javel est strictement déconseillé pour l’entretien des espaces verts. L’eau de Javel tue les bactéries et les champignons nécessaires au développement des plantes et dessèche les feuilles. A l’inverse, l’utilisation du vinaigre blanc et du savoir noir est recommandée pour lutter contre l’apparition de mousse ou d’algues qui se déposent sur les allées de jardin.

Dans la mesure du possible, si vous adaptez les dates de plantation aux cycles des saisons, cela permet d’éviter un surplus d’engrais nécessaire à leur développement ou à la perte de ces plantes.

💡Bon à savoir :

Le règlement de copropriété peut rédiger une liste de plantes interdites selon les désagréments que cela pourrait engendrer en fonction de leur toxicité, odeur, dimensions, etc.

C) Valorisation de la biodiversité des programmes neufs

Dans le cadre du projet immobilier neuf situé à Torcy (77) « ZAC des Coteaux de la Marne », des terrasses écologiques ont été prévues sur chaque bâtiment de ce programme. Sur chacune de ces terrasses, des plantes ont été plantées spécifiquement pour attirer une faune précise : du Sureau pour les oiseaux, du Chèvre-feuille pour les papillons et de l’Origan pour les butineurs.

Ensuite, des jardins d’aromatiques sont prévus au rez-de-chaussée entre chaque bâtiment. Ces jardins représentent une plus-value olfactive et gustative pour les copropriétaires. Sans compter que des haies et des talus champêtres sont prévus dans ce programme. Ces derniers favorisent la venue de la biodiversité en ville.

Enfin, des jardins filtrants aident à la gestion des eaux pluviales. Apparemment, ils sont utilisés comme séparateur à hydrocarbures mais de manière plus écologique et efficace.

💡Bon à savoir :

Les nouvelles copropriétés, soumises à des réglementations strictes en matière environnementale, (RE 2020) sont sources d’inspiration pour de nouvelles pratiques.

2) L’utilisation raisonnée des ressources naturelles

A) L’hydratation des espaces verts

Afin de diminuer vos consommations d’eau, pour l’arrosage des espaces verts, vous pouvez installer un récupérateur d’eau de pluie au sein de la copropriété et privilégiez de les arroser le matin ou le soir, afin d’éviter toute évaporation.

Par ailleurs, l’arrosage automatique qui projette l’eau en l’air ainsi que l’arrosage par fort flux d’eau avec un tuyau d’arrosage sont déconseillés.

L’arrosage goutte à goutte est à privilégier et peut s’automatiser. Ce système permet une meilleure absorption de l’eau par le système racinaire des végétaux et évite les pertes d’eau dans la terre, tout en réduisant la consommation d’eau nécessaire à l’entretien des plantes.

💡Bon à savoir :

Voici une liste de quelques plantes très peu exigeantes en eau : le laurier rose, le pistachier, l’arbousier, le romarin, la lavande, la sauge, le thym et la verveine.

B) Le compostage et le potager collectifs

L’installation d’un compost collectif dans votre copropriété permet que chaque copropriétaire participe à valoriser ses déchets ménagers organiques. Etant donné que le tri des biodéchets est obligatoire selon la loi anti-gaspillage depuis janvier 2024. De plus, un compost collectif permet la création d’engrais naturels pouvant être utilisés directement dans vos espaces verts communs. 

Par exemple, cet engrais peut être utilisé pour participer au bon développement du potager collectif, contenant des fleurs, des produits frais, bio et locaux. Le potager collectif, installé dans un jardin ou dans une cour extérieure, rassemble les copropriétaires de toutes générations, de son entretien jusqu’à la récolte des produits obtenus.

💡Bon à savoir :

Des associations peuvent aider à la mise en place de potagers collectifs, par exemple l’Association Pépins Production, à Paris. Cette association propose des ateliers de formation, met à disposition des outils, produit des végétaux et des substrats. Cette association installe aussi des pépinières de quartier permettant la culture de jeunes plants en milieu urbain en lien avec les habitants.

C) L’entretien des espaces verts par les copropriétaires

Les copropriétaires peuvent participer à l’entretien de l’ensemble des espaces verts partagés dans le cas de petites copropriétés ou d’une petite partie de ceux-ci, comme le potager et le compost collectif.

Il est possible qu’un groupe de copropriétaires se fixe la mission de suivre les consommations d’eau et d’énergie de la copropriété et de faire, par la suite, une proposition de travaux et/ou d’éco-gestes à mettre en place afin de les réduire.

Dans tous les cas, c’est lors du vote de l’assemblée générale que les règles d’usage sont définies. Pour plus d’informations sur la mise en place d’un jardin partagé, nous vous invitons à découvrir notre article ici.

3) L’aménagement de niches écologiques

A) Nichoirs, hôtels à insectes et abris à chauve-souris

Certaines espèces animales sont menacées d’extinction par manque d’abris nécessaires à leur survie. L’installation de niches écologiques comme les maisons à oiseaux, d’hôtels à insectes, d’abris à chauve-souris et de ruches pour abeilles au sein de vos espaces verts partagés participerons à protéger ces espèces et de générer de la biodiversité au sein de vos copropriétés.

Dans le cadre d’un projet immobilier neuf à Voisin-le-Bretonneux (78), Econhomes a effectué un budget prévisionnel des charges de copropriétés. Pour une estimation de vos charges de copropriétés, cliquez ici. La notice paysagère de ce programme prévoit la plantation d’une diversité végétale valorisant la biodiversité et le respect des écosystèmes locaux. Notamment, il est prévu l’installation de nichoirs pour oiseaux, d’un abri pour chauve-souris et d’un hôtel à insectes dans les espaces extérieurs.

B) Cas particulier des ruches

Avant de mettre en place des ruches, il faut se renseigner sur les réglementations préfectorales, notamment au sujet de l’emplacement des ruches. Certains départements fixent l’éloignement des ruches d’au moins 20 mètres des propriétés voisines et de 100 mètres des bâtiments collectifs.

En fonction de ces restrictions, les ruches sont idéalement placées sur des toits terrasses végétalisés présentant un mélange de fleurs, à proximité des ruches et pouvant être facilement pollinisées par les abeilles. La répartition de la récolte des pots de miel auprès des copropriétaires est votée lors de l’assemblée générale.

💡Bon à savoir :

La décision de l’installation de ruches doit passer par un vote à l’assemblée générale (article 25 si cela n’est pas prévu dans le règlement de copropriété), puis par une déclaration auprès de votre mairie et à la Direction des Services vétérinaires une fois par an. De nombreuses associations ou entreprises peuvent vous accompagner dans vos démarches, vous former, et vous aider à installer et entretenir vos ruches, comme par exemple, l’Union Nationale pour l’Apiculture Française (UNAF), à Paris.

C) L’exemple des gabions décoratifs

Le système de gabion a été utilisé dans le domaine civil, puis par les paysagistes pour donner un effet moderne et structurant des espaces extérieurs. Il sert de décoration, de clôture, de soutènement, d’habillage ou de façade. Le gabion ressemble à un mur de pierre grillagé avec de l’acier galvanisé. Il est impératif que cet acier soit enduit de peinture antirouille pour faire durer la structure métallique à l’épreuve des intempéries et dans le temps.

Dans ce cas, dans la logique de la RE 2020, pour des  gabions décoratifs, il est possible d’envisager de revaloriser l’acier non utilisé du chantier de construction du bâtiment. Comme par exemple avec du treillis soudé utilisé dans le coulage de béton armé lors du chantier. Une étude technique préalable sera nécessaire afin de vérifier sa faisabilité.

En outre, les gabions décoratifs attirent également de la biodiversité. Ils peuvent servir d’abris pour des lézards par exemple.

💡Bon à savoir :

Les programmes neufs sont de plus en plus sensibles au respect de l’environnement en réinventant au quotidien des espaces extérieurs communs structurés alliant espaces paysagers végétalisés et minéralisés.

Conclusion

C’est à l’assemblée générale, donc aux copropriétaires, d’établir les règles pour l’entretien des espaces verts partagés. Pour des petites surfaces d’espaces verts partagés, le gardien, une société spécialisée ou les copropriétaires peuvent s’en charger. Pour de plus grandes surfaces, il est courant qu’une entreprise extérieure s’en occupe, pour un entretien suivi et régulier.

Nous vous recommandons d’être vigilants sur le type de contrat passé avec le(s) prestataire(s) externe(s) et de cibler en détail vos besoins. Pour concilier espaces verts et respect de l’environnement, la copropriété peut suivre l’une des options citées dans cet article. En amont, pensez à aménager vos espaces extérieurs de manière raisonnée (installation de collecteurs de pluie, mise en place de niches écologiques, végétalisation des espaces bétonnés, etc.).