Sécurité connectée des programmes neufs
Le métier de gardien et/ou concierge devient rare en France, avec une baisse de 5 % des effectifs en dix ans, selon l’INSEE. En parallèle, 70 % des copropriétés neuves sont livrées sans gardien aujourd’hui.
Parallèlement, les cambriolages ont augmenté de 14 % entre 2022 et 2024. Ce contexte pousse les copropriétaires à rechercher des solutions pour sécuriser efficacement les immeubles et limiter la dégradation des parties communes.
À cela s’ajoute une hausse notable des sinistres, notamment les dégâts des eaux, qui représentent à eux seuls 40 % des cas en copropriété en 2024. Cette augmentation a contribué à une envolée moyenne de 7,2 % des primes d’assurance habitation. Face à ces risques multiples, les capteurs connectés s’imposent comme des outils de prévention incontournables.
Dans ce contexte, l’immobilier neuf se réinvente. Les promoteurs intègrent désormais des équipements technologiques qui répondent aux nouvelles attentes : sécurité renforcée, confort amélioré et services connectés. L’innovation ne se limite plus à un simple confort : elle devient un levier essentiel pour valoriser les biens et bâtir la ville de demain.
Cet article vous propose un tour d’horizon des systèmes de sécurité innovants déjà présents dans des copropriétés récentes.
Sommaire :
I) La domotique au service de la sécurité et du confort des logements neufs
1) Détecteurs connectés : prévenir les incidents et réduire les coûts
2) Simulation de présence : dissuader les intrusions
3) Confort thermique intelligent et gestion énergétique
II) Sécurité et accès renforcés dans les résidences neuves
1) Des matériaux sélectionnés pour une sécurité renforcée
2) Vidéosurveillance, alarme et serrure connectées
3) Boîtes aux lettres et conciergerie connectées : une gestion sécurisée et moderne
III) Enjeux et perspectives de la sécurité innovante dans le neuf
1) Avantages des interfaces connectées dans le neuf
2) Inconvénients et limites à prendre en compte
I) La domotique au service de la sécurité et du confort des logements neufs
La domotique regroupe l’ensemble des technologies permettant d’automatiser, contrôler et optimiser les équipements d’un logement : éclairage, chauffage, sécurité, volets, électroménager, etc. Ces équipements sont généralement pilotables à distance via un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Ils visent à améliorer le confort de vie, la sécurité des occupants et la performance énergétique du logement.
1. Détecteurs connectés : prévenir les incidents et réduire les coûts
Dans le neuf, la domotique est un véritable levier de sécurisation du logement. Des capteurs intelligents et connectés permettent de détecter en temps réel la fumée, les fuites d’eau ou les mouvements suspects. Une alerte est immédiatement envoyée au résident via son téléphone. Certains systèmes peuvent même contacter automatiquement les secours (pompiers ou police).
En cas d’incendie domestique, l’absence de détecteur connecté peut entraîner des dégâts majeurs, notamment si le feu est détecté trop tard. Le coût moyen d’un tel sinistre peut alors grimper entre 15 000 et 50 000 €, incluant les dommages matériels, le relogement et les frais de reconstruction. Un détecteur connecté peut limiter l’intervention à une seule pièce, réduisant les coûts à quelques centaines ou milliers d’euros.
À l’inverse, un détecteur de fumée connecté permet une alerte immédiate et une intervention rapide, limitant les dégâts à une seule pièce ou les évitant totalement. Dans ce cas, les frais sont souvent réduits à moins de 5 000 €, voire quelques centaines d’euros.
Le même constat s’applique aux fuites d’eau, dont les dégâts peuvent atteindre 8 000 €, voire davantage en copropriété. Grâce à un capteur connecté, la détection est immédiate, ce qui permet d’intervenir avant propagation et ainsi réduire le coût à quelques centaines d’euros.
💡Bon à savoir :
Les détecteurs intelligents permettent souvent de diviser par 5 à 10 le coût d’un sinistre, et dans de nombreux cas, de l’éviter. C’est un investissement stratégique qui s’avère rentable, tant pour les résidents que pour les gestionnaires et les assureurs.
2. Simulation de présence : dissuader les intrusions
La domotique permet également de simuler une présence, même lorsque le logement est inoccupé. L’éclairage, les volets roulants ou la télévision peuvent être activés à distance ou programmés automatiquement. Cela donne l’impression que le logement est occupé, ce qui dissuade les tentatives de cambriolage.
Il est toutefois recommandé de changer régulièrement les mots de passe wifi pour limiter les risques de piratage. À noter que ce type de dispositif est rarement inclus par défaut par les promoteurs, en dehors des volets motorisés. C’est donc généralement au résident d’installer ces équipements connectés s’il souhaite en bénéficier.
3. Confort thermique intelligent et gestion énergétique
La domotique offre également un pilotage personnalisé du chauffage, directement depuis une application mobile. Les résidents peuvent allumer, éteindre ou programmer leur système selon leurs rythmes de vie. La température peut être ajustée pièce par pièce, pour éviter toute surconsommation inutile.
Cette flexibilité est particulièrement utile en période hivernale ou lors d’absences prolongées, permettant d’optimiser les dépenses énergétiques et favoriser un confort optimal. C’est aussi un levier efficace pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires en matière de performance environnementale.
Outre le confort hivernal, les logements neufs doivent désormais garantir un confort d’été, c’est-à-dire une température intérieure agréable même lors de fortes chaleurs. Ce critère est central dans la réglementation RE 2020 et la RE 2025.
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Pour y répondre, les bâtiments sont conçus avec une isolation performante, des matériaux à forte inertie thermique, et des dispositifs de protection solaire (volets automatisés, brise-soleil, stores connectés).
La domotique complète ce dispositif en automatisant la fermeture des volets selon l’ensoleillement, ou en ajustant la ventilation en cas de pic de température. Ces équipements participent à réduire les besoins en énergie, à limiter l’empreinte carbone du logement, à améliorer le confort intérieur tout au long de l’année et à respecter les exigences croissantes en matière de performance environnementale.
II) Sécurité et accès renforcés dans les résidences neuves
1. Des matériaux sélectionnés pour une sécurité renforcée
La sécurité des bâtiments repose également sur le choix de matériaux conformes aux normes les plus exigeantes. Contre les incendies, les logements neufs intègrent des portes coupe-feu certifiées EN 1634-1, des isolants incombustibles comme la laine de roche, ou encore des enduits intumescents sur les structures métalliques. Les revêtements de sol dans les voies de circulations (couloirs et hall d’entrée) sont souvent classés M1, c’est-à-dire non inflammables.
Contre les intrusions, les bâtiments sont équipés de portes blindées certifiées EN 1627, de vitrages retardateurs d’effraction, ou encore de volets roulants renforcés. Ces éléments sont classés selon leur niveau de résistance : de RC1 à RC6 pour les portes.
💡Bon à savoir :
La sécurité est désormais intégrée dès la phase de construction. Les professionnels du bâtiment utilisent des outils connectés pour surveiller les chantiers et limiter les risques. Les drones et l’intelligence artificielle permettent d’inspecter les zones sensibles, d’analyser les risques et l’anticipation des incidents. L’Internet des Objets (IoT) joue également un rôle clé, avec des capteurs connectés qui mesurent en temps réel des données comme la température, l’humidité ou les vibrations, améliorant ainsi la réactivité face aux imprévus.
Pour prévenir les dégâts des eaux, des revêtements étanches sont posés dans les pièces humides, accompagnés de membranes posées sous le carrelage pour empêcher les infiltrations. En sous-sol, des barrières étanches peuvent être installées pour prévenir les remontées d’eau ou les inondations.
Les matériaux doivent également s’adapter aux risques climatiques croissants. Tuiles, bardages et revêtements extérieurs sont choisis pour leur résistance au vent, à l’humidité ou au feu. En zones sismiques, les constructions respectent l’Eurocode 8, avec des structures adaptées en béton armé ou en acier.
Enfin, les labels RE2020, NF Habitat ou HQE garantissent une conception globale intégrant sécurité, confort et performance thermique et durabilité des matériaux. Les normes d’accessibilité PMR imposent aussi l’utilisation de matériaux antidérapants, de protections murales et d’équipements adaptés aux zones de passage.
💡Bon à savoir :
Des logiciels de gestion pilotent l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, de la construction à la relation client. L’automatisation et la robotique réduisent les risques humains, en confiant certaines tâches dangereuses aux machines. Des expérimentations intègrent aussi l’impression 3D, une technologie prometteuse pour bâtir plus vite, à moindre coût, et avec une main-d’œuvre réduite.
La réalité virtuelle est utilisée pour la formation immersive des équipes en effectuant une visite virtuelle des bâtiments en cours de conception. La formation continue des équipes reste essentielle pour tirer pleinement parti de ces innovations tout en garantissant la sécurité sur le terrain.
Dans ce contexte, ces technologies contribuent à prévenir les risques, à renforcer la coordination et à fluidifier les échanges entre tous les acteurs.
2. Vidéosurveillance, alarme et serrure connectées
Dans les copropriétés neuves, la sécurisation des parties communes est devenue un enjeu central. De nombreuses résidences s’équipent désormais de caméras de surveillance dans les halls d’entrée ou les parkings.
Ces dispositifs détectent les mouvements suspects et envoient automatiquement une alerte au syndic en cas d’anomalie. Les images, conservées pendant une durée limitée, peuvent ensuite être utilisées pour identifier les auteurs d’un cambriolage ou d’un acte de vandalisme.
L’installation de caméras est toutefois encadrée par l’article 24 de la loi du 10 juillet 1965, au titre des « travaux nécessaires à la conservation de l’immeuble et à la préservation de la santé et de la sécurité physique des occupants ». Elle doit être votée en assemblée générale, à la majorité absolue, et ne peut concerner que les parties communes.
article 24 de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 au titre des « travaux nécessaires à la conservation de l’immeuble et à la préservation de la santé et de la sécurité physique des occupants »
Il est interdit de filmer la voie publique ou les espaces privatifs (logements et balcons). L’accès aux images est réservé au syndic ou à un prestataire désigné, dans un cadre strictement défini. Les images sont conservées pour une durée limitée. En cas d’incident, les copropriétaires doivent faire une demande motivée pour que les vidéos soient consultées. Les forces de l’ordre peuvent également y accéder dans le cadre d’une enquête.
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En complément, les alarmes connectées renforcent la sécurité globale du bâtiment. Grâce à une intelligence embarquée, elles font la distinction entre des mouvements anodins et de réelles intrusions. Lorsqu’un danger est détecté, elles peuvent déclencher une sirène, envoyer une alerte ou contacter une société de sécurité. Ce système est particulièrement adapté aux immeubles avec plusieurs accès.
Les serrures connectées modernisent les entrées d’immeuble en supprimant les clés traditionnelles. L’ouverture se fait désormais via un badge, un code personnalisé, une empreinte digitale ou même la reconnaissance faciale. Ce type de dispositif facilite la gestion des accès, tout en assurant une traçabilité précise.
💡Bon à savoir :
Par exemple, la société Kivala propose une solution intuitive basée sur des codes personnalisés générés via application mobile. Elle permet un contrôle simple et sécurisé des accès communs. Le coût estimé est de 1 300 € à l’installation, puis 2 € par mois et par logement pour la gestion de l’interface.
En cas d’intrusion ou de tentative de cambriolage, l’absence de dispositif de sécurité entraîne non seulement des vols, mais aussi des dégradations de portes ou fenêtres. Le montant des réparations et des pertes atteint en moyenne 2 000 à 6 000 €.
Un système d’alarme ou de caméra connecté, en revanche, permet de dissuader les intrus ou de les détecter instantanément. L’intervention peut être déclenchée à distance, limitant fortement les dégâts, voire empêchant complètement l’effraction. Dans ce cas, les coûts sont souvent négligeables.


3. Boîtes aux lettres et conciergerie connectées : une gestion sécurisée et moderne
Pour s’adapter aux nouveaux usages, de nombreuses résidences neuves s’équipent de boîtes aux lettres et à colis connectées. Elles permettent une réception sécurisée 24h/24 et 7j/7, dont livraison de colis alimentaires en click & collect, avec notification en temps réel.
Seuls les livreurs autorisés et les résidents concernés peuvent y accéder. Ce service coûte environ 23 € par lot et par an. Ces équipements évitent les vols, les erreurs de livraison et les étiquettes manuelles grâce à un écran digital intégré.
Ces dispositifs représentent aussi un gain de temps pour les gestionnaires. Les noms sur les boîtes aux lettres connectées et les interphones se mettent à jour automatiquement, leur permettant un gain de temps dans la gestion des entrées et sorties des résidents, ainsi que dans leur logiciel de gestion.
Exemple d’un programme neuf à Voisins-le-Bretonneux :
Le programme comprend 78 boîtes aux lettres connectées pour 72 logements, avec un budget de 1 659 € TTC/an (soit environ 2 € HT/mois/lot). Ce système facilite la gestion et améliore le confort des résidents.
Certaines copropriétés vont plus loin en intégrant une conciergerie connectée, accessible via une application mobile. Ce service digitalisé propose, en plus de la réception des colis, une gamme de prestations à la demande : ménage, pressing, réparation, livraison de repas, etc. Fonctionnant sans présence humaine sur place, 24h/24, ce système repose sur des casiers connectés, des boîtes intelligentes et des écrans d’information.
Ces services sont particulièrement adaptés aux résidences en libre accès ou sans gardien. Ils représentent une évolution vers des résidences collectives intelligentes, capables demain de remonter automatiquement les incidents au syndic pour une intervention rapide et une gestion fluide.
III) Enjeux et perspectives de la sécurité innovante dans le neuf
1. Avantages des interfaces connectées dans le neuf
Les innovations en matière de sécurité et de gestion connectée présentent de nombreux avantages pour les logements neufs :
- Répondre à des exigences environnementales, sociales et numériques de plus en plus strictes
- Faciliter la gestion des copropriétés grâce aux applis résidents, alertes en temps réel sou forme de notifications et suivi centralisé
- Améliorer les performances énergétiques et soutenir le développement des écoquartiers
- Valoriser les biens immobiliers, ce qui attire acheteurs et investisseurs
- Réduire les coûts et les délais de construction grâce à l’impression 3D et à la gestion à distance
💡Bon à savoir :
À Bezannes, près de Reims, Plurial Novilia (groupe Action Logement) a lancé la construction d’un immeuble résidentiel en R+2 entièrement réalisé par impression 3D. Le chantier mobilise un portique robotisé de 12 mètres, déposant couche par couche un béton bas-carbone, directement sur site. La livraison est prévue pour 2026.
Ce procédé innovant affiche un surcoût de 30 % par rapport à un chantier traditionnel, mais permet déjà des gains significatifs : 10 % de matériaux économisés, 2 à 3 mois de travaux gagnés, -30 % d’émissions de CO₂.
L’objectif à terme est de standardiser cette technologie pour en réduire les coûts et favoriser sa reproductibilité à plus grande échelle.
2. Inconvénients et limites à prendre en compte
Malgré leurs bénéfices, ces technologies posent aussi plusieurs inconvénients :
- Risques liés à la sécurité des données personnelles (visages, empreintes, habitudes de vie). Ces données sont soumises au Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui encadre strictement leur collecte et leur traitement. Toute copropriété, via son syndic ou ses prestataires, est donc tenue de respecter des obligations précises : limiter les données collectées au strict nécessaire, garantir leur sécurité, informer les résidents, et leur permettre d’exercer leurs droits (accès, rectification, suppression…). Une gestion conforme au RGPD est indispensable pour instaurer la confiance et prévenir tout risque juridique ou abusif.
- Coûts d’installation et de maintenance parfois élevés
- Complexité technique des dispositifs connectés, nécessitant une bonne prise en main
- Résistance au changement de certains résidents ou professionnels
- Nécessité de rendre les innovations plus accessibles et abordables pour tous
Conclusion
Face à la hausse des cambriolages et des sinistres, la sécurité s’impose comme un enjeu central dans l’habitat neuf. Grâce aux technologies connectées, les logements deviennent plus sûrs, tout en offrant confort et modernité. Domotique, accès intelligents, matériaux renforcés : ces solutions améliorent la qualité de vie et optimisent la gestion au quotidien.
L’innovation ne se limite plus au confort. Elle structure désormais l’immobilier de demain : plus durable, plus connecté, et pensé pour les résidents. Cependant, plusieurs défis restent à relever, notamment la protection des données, les coûts d’équipement et l’acceptation des nouvelles technologies.
Pour réussir cette transition, la coopération entre promoteurs, entreprises technologiques et professionnels de terrain est indispensable. Chaque projet doit intégrer des solutions fiables, accessibles et respectueuses de la vie privée. Intégrer ces dispositifs dès la phase de conception permet non seulement de valoriser vos programmes, mais aussi de rassurer les futurs copropriétaires. Mentionnez-les clairement dans vos notices techniques, plaquettes commerciales et documents de livraison.
Pour aller plus loin : certaines villes, comme Toulouse, innovent avec des brigades privées assermentées dédiées à la tranquillité des copropriétés (exemple : UTSI), accessibles via un abonnement collectif.